Épanouissement personnel et développement social

Publié le par 100 idées

couv 100 ID civique

 

 

Si, comme l’ont établi de nombreux travaux scientifiques,
à la suite d’Henri Wallon, le développement personnel de
l’enfant est indissociable de celui de ses relations sociales,
alors il serait erroné de concevoir des dispositifs éducatifs
contradictoires, les uns visant à un épanouissement
personnel, les autres cherchant à inculquer des règles
sociales inévitables. Nos seuls moyens pour aider l’individu
à se réaliser sont des moyens sociaux (dont la pédagogie
fait partie). Il existe un lien étroit non seulement entre la
possibilité d’agir et celle de s’exprimer, mais aussi entre
l’affectif et le cognitif. Dans toutes ces situations, je m’affirme
dans ma relation à l’autre : « le moi se pose en s’opposant »,
oui, M. Fichte, mais s’affine en composant. Ce dernier mot
doit être compris dans son double sens de « s’accommoder,
négocier », et d’ « élaborer une oeuvre ». Avez-vous remarqué
que plus un écrivain écrit personnellement, en affirmant sa
singularité, plus il a des chances d’exprimer l’universel ?
À cet égard, le terme : « individualisme » nous paraît bien
ambigu, car sa signification courante oscille entre « égoïsme »
et « originalité ». Or, une éducation civique peut favoriser
l’altruisme, mais pas le conformisme. Et elle ne prend son
sens que dans la construction sociale de l’individu. Une
éducation morale qui s’écarterait de ce processus risquerait
fort de n’être que moralisatrice.


Et, de fait, ce qui va donner de la cohérence à une
démarche civique, c’est un mouvement vers de nouvelles
relations sociales, et non la pure acceptation de règles
immuables. Cela passe par la constatation de contradictions
dans la vie courante et dans le monde « tel qu’il est ». Cela
repose sur un pari : que ces contradictions peuvent être dépassées ;

qu’il n’y a pas fatalement opposition entre mes

désirs et ceux des autres, entre épanouissement individuel
et développement collectif, entre liberté et égalité, etc. ; en
résumé : que « chacun peut transformer les choses autour de
lui » (Robert Kennedy).


Cela suppose enfin que tous les interlocuteurs se posent
comme des sujets (des personnes) à part entière.
Un exemple tout simple : l’habitude parfois prise avec
les tout jeunes enfants d’employer l’expression : « Maîtresse
a dit... » nous semble particulièrement néfaste, car elle
entretient une attitude infantile qui fait obstacle à l’affirmation
du « moi ». L’enseignant doit être capable de dire : « Je »,
comme tout individu présent dans la classe.


 

Extrait du livre :

100 idées pour une éducation civique

Marie-Lou Bernard, Henri Berquin

Collection 100 idées, Editions Tom Pousse, 2010

ISBN : 978-2-35345-030-5, Prix : 12€

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