L’égalité et au-delà

Publié le par 100 idées

 

 

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L’enfant doit pouvoir trouver des repères dans le monde de l’école qu’il découvre. Ils sont de trois sortes : affectifs, sociaux et langagiers. Les contraintes que nous imposons ne sont légitimes que si elles sont des repères pour les élèves, ou, si l’on veut, s’ils peuvent se servir de ces contraintes pour avancer avec sérénité.

Exemple d’une contrainte pouvant devenir un repère pour tous : la prise de parole devant les autres
Le passage de la parole privée à la parole publique est problématique et les situations que l’on crée ainsi sont révélatrices de nombreuses inégalités psychosociales et socioculturelles. Pour l’enfant, il s’agit d’abord d’une contrainte, qu’il va falloir transformer en une chance d’expression et d’affirmation. Cela relève de la « prise de risques », comme on dit en éducation physique. Le balisage de ce parcours doit être bien visible pour lui, personnellement. Une phase intermédiaire sera sans doute nécessaire : l’entretien à deux, avec l’adulte, pendant lequel non seulement celui-ci mettra l’enfant en confiance, mais lui fournira au besoin les mots dont il manque, lui suggérera des idées ou des manières de dire, sans d’ailleurs lui proposer des modèles trop lointains, trop différents de ce qu’il peut exprimer spontanément. On sait aussi combien peut être rassurant lors d’une prise de parole de disposer d’un objet intermédiaire auquel on se raccroche : marotte, bâton de parole ou micro… Et une fois l’exploit accompli, il faudra faire le point avec lui, pour en apprécier les réussites.

Exemple d’une référence culturelle pouvant servir de repère universel : le loup des contes.
Le loup fait peur et doit faire peur, c’est son aspect intéressant. Mais il faut que cette peur soit maîtrisée, dédramatisée, pour devenir un plaisir et un objet culturel. À un moment donné, le travail sur les albums en réseau jouera son rôle à ce sujet, mais avant d’en arriver à ce niveau littéraire, il pourra être utile, en particulier pour les enfants dont les références culturelles ne sont pas occidentales, de faire jouer l’image du loup, de lui faire jouer des rôles différents. Dans les contes, en particulier ceux qui appartiennent au registre traditionnel, bien des éléments sont mystérieux, voire incompréhensibles. On ne pourra tout expliquer. Mais on pourra jouer avec l’imaginaire, pour mieux se fabriquer une attitude personnelle à l’égard d’une culture.

 

Exemple d’un travail sur une coutume sociale : le vêtement.
Nous avons parlé de repères affectifs et sociaux. Le vêtement en est un exemple privilégié. Dans les écoles, cette question est devenue quelquefois un objet central de préoccupation des élèves et ceci dès l’école maternelle. Lorsqu’on va aborder le thème vestimentaire, peut-on naïvement ignorer que parler de « beaux vêtements » est une expression socialement marquée ? On pourra inclure dans la réflexion de tous le rôle de l’apparence et l’idée qu’en s’habillant de telle ou telle manière, on exprime quelque chose. Et qu’un « beau » vêtement, cela peut être celui qu’on met avec plaisir, celui dans lequel on se sent bien, qu’on soigne et qu’on maintient propre.

Exemple d’une exigence institutionnelle pouvant devenir un outil de développement : l’évaluation
Il s’agit d’éviter que l’évaluation devienne un moyen de discrimination. Travaillons déjà la qualité du dialogue avec l’enfant. Si on parle avec Violaine de son dernier dessin, ce ne sera guère difficile. Mais voyons simplement comment nous allons procéder avec Kevin. Il n’est d’ailleurs pas évident que l’échange se fasse d’emblée par de la parole. Il faudra peut-être passer par des phases de jeu, de transformation de son dessin, de proposition par l’enseignant d’un autre dessin, pas pour lui montrer un « beau dessin », mais simplement pour montrer que l’adulte, lui aussi, peut avoir envie de dialoguer par ce moyen. L’essentiel est que l’enfant s’aperçoive que son travail est pris en compte, considéré par l’adulte, dans une relation personnelle. L’idée directrice, nous semble-t-il, est de faire de l’enfant un acteur de son développement, en toutes circonstances.

 


 

Extrait du livre

100 idées pour l'école maternelle

Marie-Lou Bernard, Henri Berquin, Pierre Palenciano

Collection 100 idées, Editions Tom Pousse, 2009

ISBN : 978-2-35345-014-5, Prix : 12€.

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